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Gabon : Journée nationale de la Femme célébrée le 26 avril à Mouila, une incohérence qui coûte cher

Officiellement fériée, la Journée nationale de la Femme, célébrée chaque 17 avril au Gabon, est cette année décalée au samedi 26 avril. Plus surprenant encore : les festivités officielles auront lieu à Mouila, loin de la capitale et des principales zones de concentration démographique. Une décision qui interroge sur sa pertinence, son coût et le message qu’elle envoie aux Gabonaises.

L’État se contredit, le paradoxe est saisissant. Le gouvernement décrète férié le 17 avril, mais repousse par l’intermédiaire du ministère de la Femme et de la protection de l’enfance, les festivités officielles de neuf jours. Résultat : un jour chômé sans grande portée symbolique. À quoi bon sanctuariser une date dans le calendrier si l’événement qui lui est associé est déplacé ? Le décalage donne une impression de désinvolture institutionnelle, là où l’État est attendu sur la cohérence de ses actes.

Un déplacement à Mouila qui alourdit la facture publique

Choisir Mouila comme ville hôte, c’est faire le pari coûteux d’une délocalisation. Transport des délégations, hébergement, restauration, primes diverses, sécurité : autant de lignes budgétaires qui viennent s’ajouter dans un contexte où l’on appelle, par ailleurs, à une meilleure gestion des ressources publiques. Un choix difficilement justifiable, d’autant plus que Libreville, siège des institutions, offre toutes les infrastructures nécessaires pour organiser une cérémonie de portée nationale.

Le cœur de cette journée, ce sont les femmes. Or, concentrer les festivités à plus de 360 kilomètres de la capitale, c’est de facto exclure une large frange de la population féminine. Fonctionnaires, étudiantes, commerçantes ou mères de famille, nombreuses sont celles qui ne pourront pas faire le déplacement. Cette centralisation en province, aussi bien intentionnée soit-elle, confère à la célébration un caractère élitiste et restrictif.

Le 17 avril n’est pas une date anodine. Elle a été instaurée pour marquer la reconnaissance des droits des femmes, mettre en lumière leurs combats et leurs espoirs. La déplacer, c’est affaiblir sa portée. C’est prendre le risque de transformer une journée de mémoire et d’engagement en une simple opération de communication, déconnectée du terrain et des réalités.

Un rendez-vous manqué

Alors que cette journée devait rassembler, elle divise. Alors qu’elle devait mettre les femmes à l’honneur, elle les disperse. Au lieu d’un moment national partagé, c’est une mise en scène décalée qui se profile. Loin de Libreville. Loin de la date officielle. Loin, aussi, des attentes d’une société qui aspire à des décisions plus rationnelles, inclusives et fidèles à l’esprit républicain.

In fine, célébrer la Journée nationale de la Femme le 26 avril à Mouila, c’est faire fausse route. Le symbole s’érode, les dépenses s’accumulent et le sens se perd. Et pendant ce temps, le 17 avril, pourtant férié, passera presque inaperçu. Un contretemps que beaucoup considèrent déjà comme un rendez-vous manqué.

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Un commentaire

  1. Les choses des femmes c’est toujours comme ça; c’est jamais clair. En tout cas les hommes ne sont pas étonnés…

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